Ces visages bronzés et ridés, ces tissus aux couleurs vives, ces hauts plateaux et ces grands espaces, les Andes, le Machu Picchu… tout ces clichés, domaine de notre imaginaire, puisent leurs racines dans le cœur, encore inviolé, de l’Amérique du Sud : la Bolivie et le Pérou.
Quoi de mieux que d'aller directement aux sources pour découvrir une culture? Aussitôt dit, aussitôt fait.
Un groupe est rapidement armé pour participer à l'aventure:
- Noémie, française venant de la même école que moi
- Armony, monégasque que j'ai connu à Buenos Aires
- Frederike, ma collocataire allemande
- Arthur et Clément, deux copains de ma promo venant directement de France pour des vacances au soleil!
Le programme est chargé... et afin de se mettre directement dans le bain quoi de mieux que de partir le 1er Janvier à 10h du matin (oui oui vous lisez bien!) de Buenos Aires pour...27h de bus (oui oui vous lisez toujours bien)
jusqu'à Villazon, passage frontalier entre l'Argentine et la Bolivie.
Chose promise, chose due: nous n'avons pas eu le temps de souffler que déjà nous repartons pour 4 jours de trek en 4*4 à travers le sud-lipez bolivien : 4 jours à admirer des lagunes de toutes les couleurs et le Salar d’Uyuni, désert de sel de 500km²; 4 jours à cohabiter avec les lamas, les flamands rose; 4 jours à dormir chez l'habitant sans eau ni chauffage (record mesuré à 2°C dans la "chambre »), 4 jours à manger les plats traditionnels boliviens (locros, tamales, empanadas, salades, etc.)… Nous ne sommes malheureusement pas arrivés au bout de nos peines! Nous devons reprendre un taxi fait pour 5...où nous montons à 6 (plus les bagages !) pour atteindre Tupiza après 2h de voyage éreintant! Le premier diner dans un restaurant bolivien est le bienvenu (2€!). Malheureusement nous n'avons pas la possibilité de profiter pleinement de la soirée...car le lendemain c'est réveil aux aurores! Néanmoins nous sentons déjà l'air bolivien, ses marchés animés jusqu'à tard dans la nuit, ses énormes ballots de coca à vendre, ses charcuteries en plein air.
Les paysages sont tout simplement exceptionnels au point de nous laisser sans voix. Rarement voir jamais je pense, je n'ai eu le loisir d'admirer un tel condensé de beauté, d'arts naturels; une telle palette de couleurs, de phénomènes naturels...comme si un peintre fou s'en était donné à cœur joie... La coïncidence ne trompe pas, l'une des vallées traversées fût nommée: "l'œuvre de Dali".
C'est avec ses images plein la tête que nous partons en taxi pour La Paz, capitale de la Bolivie. Le trajet dure théoriquement 6h, pour 20€ par personne (une fortune pour le pays mais les bus étaient complets)… Je dis bien théoriquement car finalement après un accident, 3 pannes, 2 erreurs de route, ce ne sont pas 6 h que nous avons mis mais 15h! Comment dit-on « ponctualité » en bolivien?
Cela n'affecte quand même pas notre motivation et après une (courte) nuit, nous entreprenons la visite de la Paz, la capitale la plus haute du monde. L'atmosphère qui y règne est saisissante :
- d’un côté cette impression de ne faire que monter et descendre (900m de dénivelé entre le bas de la ville à 3400m, et le haut de la ville à 4300m) ;
- cette désorganisation patente sur les marchés, les carrefours ;
- et ce sentiment de désespoir extrême une fois la nuit tombée : alcool, drogue, violence…
Mon « attirance » pour les capitales étant bien connue nous ne tardons pas à partir vers Copacabana, bourgade située sur le fameux lac Titicaca. Au programme : truite à la plancha, marche à pied sur l’île du Soleil, truite à la plancha, achat de souvenirs, truite à la plancha…
Prochaine étape ? Cuzco à l’architecture sublime, reliquat d’une époque où la réussite de l’ancienne capitale Inca brillait de mille feux et rejaillissait sur l’ensemble de l’Amérique du Sud … Cuzco c’est les églises mêlant l’art européen catholique et la résistance andine (ce qui vous donne un tableau de La Cène avec des apôtres aux traits boliviens partageant non pas le pain…mais le cuy !). Mais c’est aussi les nombreuses places d’armes, les maisons avec balcons en bois, les ruelles pavées…une ville qu’il ne faut louper sous aucun prétexte !
Nous poursuivons notre voyage par la Vallée Sacrée, berceau de la culture Inca. Nous nous initions à cette civilisation à travers les visites d’Ollantaytambo, Pisac, Moray avant d’atteindre le Saint Graal : le Machu Picchu.
Ce site fascine tout les visiteurs grâce à son extraordinaire histoire, son parfait état de conservation, son implantation géographique improbable et son côté mystique lorsque les nuages se lèvent.
Personnellement, plus que le site en lui-même, c’est l’ensemble de la vallée qui me laisse pantois. Cette civilisation Inca a été élevé à l’échelle de mythe grâce à leurs connaissances et leur richesse infinie en or (les pièces de monnaie étaient toutes en or et les mines de Potosi sont les mines d’or les plus grandes de l’histoire : elles pouvaient financer 50 plans Marshall !). Néanmoins, j’ai découvert que plus que des inventeurs, les Incas étaient des « synthétiseurs » : ils ont réussi à prendre le meilleur de l’ensemble des cultures qui les ont précédées (Tiwanacus ou Nazca pour les plus connues). Cela a donné des avancées humaines impensables jusqu’ici : recensement de la population, culture en terrasses (andenes), constructions antisismiques (et sans mortier !), laboratoires agronomique (à Moray), système de canalisations, redistribution économique, etc.
Continuant notre périple culturel des civilisations éteintes, nous partons pour Nazca et son ancienne culture précolombienne. Les Nazcas ont laissé l’un des mystères les plus importants recensés sur Terre : les fameuses lignes de Nazca. Il s’agit de formes géométriques d’animaux, de plusieurs dizaines de mètres de long, tracées dans le désert avec une précision et une rectilignité qui laisseraient en admiration n’importe quel architecte ! Deux grandes inconnues subsistent :
1) Comment ont-ils réussi à tracer ces lignes alors qu’il existe un réel dénivelé et que l’on ne peut les admirer que du ciel ?
2) A quoi servent-elles ? Ancien calendrier ? Rite religieux ?
C’est encore ébahi et intrigué (mais aussi blême et le ventre retourné…merci les coucous volants !) que nous reprenons le bus direction Ica.
Après 15 jours éreintants, c'est dans cet Oasis que nous nous posons pendant 3 jours afin de profiter de la piscine (nous changeons de catégorie d’hébergement !), du sandboard (surf sur les dunes de sable), et du fariente !
Mais les plages atlantiques de sable fin nous manquent tout de même….direction Paracas, sa réserve naturelle maritime avec ses pélicans, pingouins ou lions de mer, et…ses plages ! Malheureusement nous allons vite déchantés ! 5 mètre de large de plage boueuse et verdâtre…et qui plus est nous sommes incapables de nous éloigner à plus de 100m de WC à cause de l’eau non potable ingurgitée (on dit merci les bons conseils de Florent !).
C’est malheureusement déjà l’heure de rentrer. Direction Lima pour boire un dernier Pisco avant d’embarquer pour Buenos Aires.
C’est sur ce dernier pavé que se termine ma série de voyages en Amérique du Sud. Si je devais résumer ce voyage andin ce serait de la manière suivante :
« durant vingt jours, j’ai pu admirer certains des plus beaux paysages qu’il m’a été donné de voir ; des lagunes du Sud-Lipez bolivien aux lignes de Nazca péruviennes. J'ai fait du sandboard sur les dunes d'Ica, du 4*4-taxi sur les routes pittoresques menant à La Paz, de l'escalade dans la Vallée Sacrée. J'ai mangé du cuy, bu de l'Inca Cola (« Coca Cola Inca ») ou du Pisco mais aussi de l'eau non-potable qui m'a clouée au lit pendant des jours, J’ai découvert la richesse et l’excellence des civilisations précolombiennes ; des Tiwanakus en passant par les Paracas et bien sûr les fameux Incas. J’ai été spectateur du lever du soleil sur le Salar d’Uyuni, j'ai fait de la randonnée sur l’île du Soleil au Lac Titicaca; j’ai crapahuté dans les innombrables montées et descentes de Lima, j’ai dominé le Mont Machu Picchu.
...en soit j’ai vécu un rêve éveillé durant vingt jours... ».